Citation de Henri-Frédéric Amiel

Les questions pour un indécis restent toujours ouvertes, et les travaux à l’état de projet.

La paresse s’empare de tout prétexte pour se croiser les bras.

La paresse est ingénieuse, elle sait se faire de l’ignorance un bouclier.

À chacun ses imperfections, nul homme en ce monde n’est parfait.

L’amour véritable est celui qui pousse l’être aimé vers sa perfection.

L’homme trop prudent manque sa destinée, il laisse fuir l’instant, le jour, le mois, l’année.

Posséder de grandes qualités n’est pas suffisant, il faut encore savoir s’en servir.

Quand la sympathie est impraticable, il reste la tolérance.

La tolérance repose sur l’humilité.

Que chacun suive sa voie, et tolère les autres.

La vertu que nous connaissons le moins et que nous avons le plus de peine à pratiquer, c’est la tolérance.

La calomnie tenace me dégoûte de toute défensive, qui d’ailleurs serait vaine.

L‘isolement est contre nature, il s‘expie par l‘ennui.

Dès que rien ne nous sollicite ou ne nous encourage, nous languissons moralement, et cette langueur de l‘âme, ce vide intérieur est l‘ennui.

Le vide et l‘ennui me persécutent, mon esprit ni mon cœur n‘ont la nourriture qu‘ils réclament, je suis sans commerce spirituel, je me rouille l‘intelligence, et je me rétrécis le cœur.

Une œuvre d’art ne vaut rien sans inspiration.

La rigueur tue l’inspiration, la méthode étouffe la liberté.

Le vent souffle où il veut, et l’inspiration est capricieuse.

Le mécontentement de soi rend peu aimant et peu aimable, il jette un voile disgracieux sur toute chose.

Prends garde au mécontentement, à la mauvaise humeur, à l’esprit de censure et de critique, qui rend impropre à exercer de l’influence et qui empêche de conserver la paix.

Gare au mécontentement ! Fondé ou non, il nous est également nuisible, car il aigrit le sang, diminue les forces, ôte le courage, décolore la vie, enlaidit le présent, rapetisse l’être.

Le mécontentement à l’état chronique empoisonne tout.

Le pessimisme exagère toutes les mauvaises chances, il démotive.

La tristesse et l’ennui sont de mauvais conseillers.

La tristesse du cœur abat l’esprit, et rend l’âme mélancolique.

La tristesse use, fatigue, vieillit, plus que toute lutte et tout labeur.

La vie est douce quand on la juge sans amertume et sans vains regrets.

Le supplice extrême pour un cœur, la tristesse de n’être attendu de personne.

Le sommeil a passé l’éponge sur ma tristesse d’hier, mon serrement de cœur a disparu.

Mon meilleur ami est le seul être au monde qui ait le pouvoir de me fortifier et de me consoler.

On se console, même d’un amour immense, par l’amour infini.

La facilité à se rectifier soi-même va croissant avec la culture. Un bon esprit est celui qui découvre vite ses bévues et fait perpétuellement son propre erratum.

La force et l’assurance ne naissent que par la lutte et par l’épreuve.

Plus on fuit l’épreuve, la lutte et le danger, plus on devient vulnérable.

Un homme ne se connaît qu’à l’épreuve, qui n’a jamais souffert se connaît peu.

L’épreuve est la condition de la récompense.

Connaître son mal est déjà une demi-guérison.

Accepter sa maladie est le premier pas vers la guérison.

Être sain, c‘est guérir vite de cœur, d‘esprit, d‘âme et de corps.

L’amertume des larmes fait leur bienfait car elle rend le calme, comme ces eaux ardentes et salées que rejettent parfois les volcans et dont l’expulsion leur redonne le repos.